Ce que j'aime chez lui, aucun mot ne saurait l'exprimer fidèlement.
Ce que j'aime chez lui, c'est ce regard allant de la douceur, de la tendresse, à la confiance et au respect en passant par l'invitation au jeu et l'enthousiasme.
Ce que j'aime chez lui, c'est cet entrain bonhomme ou cette paisible nonchalance.
Ce que j'aime chez lui, c'est sa robe nuancée et changeante au gré des saisons.
Ce que j'aime chez lui, c'est ce petit ladre tout mignon sur ces naseaux tout doux et fleurant bon le foin frais.
Ce que j'aime chez lui, c'est ce petit coeur renversé sur la pointe de la cuisse.
Ce que j'aime chez lui, c'est cette flamme retournée sur son front.
Ce que j'aime chez lui, c'est ce toupet folâtre et cette crinière de sauvage.
Ce que j'aime chez lui, c'est cette petite balzane.
Ce que j'aime chez lui, ce sont ces petits sabots menus prêts à m'emmener où notre coeur nous en dit.
Ce que j'aime chez lui, c'est sa façon de m'envoyer voir ailleurs si j'y suis quelques minutes, avant d'accepter gaiement de me suivre dans mes fantaisies d'humaine débarquée d'un autre monde.
Ce que j'aime chez lui, ce sont ces instants de grâce au travail, à pied, au box, au pré, partout des moments d'éternité offerts dans une bulle d'innocence et de sérénité.
Ce que j'aime chez lui, c'est son grain de folie et ses humeurs versatiles qu'il ne partage qu'avec moi, mettant le monde de côté pour mon plus grand bonheur.
Ce que j'aime chez lui, c'est sa foi en moi lorsque j'ai pourtant le sentiment de n'être qu'un grain de poussière insignifiant perdu dans un univers écrasant.
Ce que j'aime chez lui, c'est la confiance aveuglément réciproque que nous nous portons.
Ce que j'aime chez lui, ce sont ces moments de fermeture et d'imperméabilité, d'incompréhension totale qui, en nous distinguant encore l'un de l'autre, me font sentir à quel point je veux devenir centaure et ne former plus, à défaut d'un corps, qu'une seule âme avec lui jusqu'à la fin de notre univers.
Ce que j'aime chez lui, ce sont les obstacles surmontés ensemble et qui renforcent une complicité vacillante et toujours à construire mais à laquelle jamais je ne renoncerai.
Ce que j'aime chez lui, c'est tout ce qu'il m'a appris, et tout ce que je lui ai appris.
Ce que j'aime chez lui, j'espère qu'il le sait, c'est tout, c'est lui, tout simplement...
Ou ne serait-ce pas plutôt nous que j'aime à travers lui, mon alter ego...
Ce que j'aime chez lui risque fort de n'être que ma propre image, celle qu'il me renvoie.
Ce que j'aime chez lui pourrait bien n'être que moi, petite créature égocentrique et égocentrée...
Ce que j'aime chez lui, c'est peut-être celle qu'il m'aide à devenir...
Ce que j'aime chez lui, un jour je l'espère ce sera purement lui, sans moi, mais comment le saurais-je puisqu'il est à jamais une part de moi-même?
Amour égoïste peut-être, amour fragile vraisemblablement, amour incompréhensible et inexplicable sans aucun doute, mais amour présent pour toujours à mes côtés, sous la forme parfaite d'un petit cheval au coeur gros comme le monde qu'il a apparemment, pour je ne sais quelle raison qui m'échappe, choisi de me confier, comme je lui confie le mien...
Qui a dit que les chevaux étaient égocentrés? Les chevaux sont le reflet de leurs cavaliers, et plus largement des hommes qui prétendent les connaître: les premiers égocentrés ne sont pas ceux que nous croyons...
Alors merci à une créature formidable dont je n'aurais su rêver, au meilleur compagnon qui soit, de partager sa route avec moi et de me donner l'illusion d'être importante, d'être quelqu'un de bien, non, quelqu'un, tout simplement...
Je n'ai pas grand-chose à t'offrir ou te promettre en retour. Des larmes, des sourires, des rires, une affection inconditionnelle, un soutien, un creux de cou ou de coude pour te rassurer et t'apaiser, un peu de jeux déguisés en travail, ou l'inverse, à toi de voir, et tout ce que j'ai à donner en moi, tout ce maigre butin te revient...