Madame Canellou se prends pour un matou

J 'appelle Cannelle elle arrive tout de suite vers moi ! bien dans ses poils apparemment. Je me présente et lui dis venir de la part de Nono. Je lui demande où elle vit : là j 'hésite entre appartement et maison, il me semble plus une maison, mais pas un vrai grand jardin, plutôt une sorte de cour. Sa gamelle : je perçois plutôt en plastique de couleur verte ! Je lui dis que je sais qu'elle vit avec des copains chats et lui demande si elle les aime : "pas spécialement, sans les détester" Si elle en a un qu'elle préfère : le blanc. Je lui dis savoir qu'elle ne fait pas ses besoins systématiquement dans la litière ; je lui demande si elle sait à quoi sert une litière : oui bien sûr ! alors je lui demande pourquoi elle fait à l 'extérieur de la litière : "pour montrer que je suis chez moi et que je fais ce que je veux!
en fait je comprends qu' elle tient à s 'imposer car elle est dans la crainte, elle doute. Je lui explique que ses gardiens l 'aiment beaucoup tout autant que les autres chats. Je la rassure donc. Elle comprend ! La vie qu'elle a eu avant : je l 'ai vu comme chat errant, très angoissé.,Je lui explique qu'elle n'a plus rien à craindre, qu'elle est chez elle et qu'elle n 'a pas besoin de faire ses pipis n'importe où, au contraire elle doit utiliser la litière et que justement ca ferait très plaisir à ses gardiens. Je lui demande si elle peut me parler d' un souvenir avec ou chez ses gardiens : elle m 'envoie une image d'une trouille bleue qu'elle a eu à un moment donné, et est partie se cacher direct sous un lit. Je lui demande si elle a un message à transmettre : oui elle va essayer de faire un effort et d'aller dans la litière.

Je vois Canelle rentrer au petit trot, les oreilles rabattues en arrière, sous une pluie tiède à grosses gouttes, et je ressens nettement un agacement particulier pour la pluie qui tombe, et une humeur massacrante et maussade dans son comportement. Elle quitte le petit jardin situé derrière la maison et séparé par des haies et une barrière blanche des autres jardins. Elle se dirige vers l'entrée protégée de la pluie de la maison blanche (ou grise), avec un paillasson devant la porte, et s'ébroue des gouttes qui trempe son poils. Canelle plonge alors sans ralentir son pas vers la chatière et continue son trajet à l'intérieur, les pas lourds sur le parquet et le poils ébouriffé, et garde toujours une épaisse couche de mauvaise humeur avec elle. Il me semble que l'endroit où elle est est le salon, avec le canapé, une fenêtre et des rideaux (rouges ?) à gauche, une source de chaleur éteinte à droite.
Elle se place dos au canapé, penche la tête vers moi avec un regard contrarié et lâche un «je t'ai vu...» aussi discret qu'un souffle, immobile. Elle m'a cramé   Elle reprend : «Qu'est ce que tu veux me poser comme questions ? Tu es bien là pour ça non ? ». Son changement d'humeur me surprend un peu, elle est passée d'une humeur massacrante à la minauderie, elle connaît déjà les réponses à ses questions et s'amuse de son comportement, semi-curieuse, semi-ennuyée. Elle entrouve les yeux et me regarde pour la première fois, réellement. Je lui explique qui je suis, que je viens de ta part et elle accepte de me parler. Elle semble déjà plus ouverte, et me taquine un peu. Elle me dit que je sens "des bouffées d'air curieuses" ( ) et dans ses yeux elle me permet de voir l'être qu'elle est vraiment, malicieuse et curieuse, derrière son attitude de protection et de méfiance du début. Elle finit par se détendre et s'étire le dos en baillant.
Je lui explique qu'il y aura des "coupures" entre nous le temps que je note ce qu'elle dit, elle me réponds alors que ça ne la dérange pas, qu'elle aura le temps de faire sa toilette. Elle entreprend de lisser son poils.
Puis on commence à parler. (toute la suite, c'est elle qui l'a dit, je retranscris seulement à la troisième personne) Je ressens de l'angoisse. Elle se sent étouffée, elle qui a souvent eu la place pour elle toute seule, l'attention entière de son maître aussi. Devoir se bagarrer ou s'aplatir lui paraît impensable, elle qui n'a jamais eu besoin de faire ça. Elle qui a toujours eu ce qu'elle voulait avant. Le changement de vie est toujours plus difficile si l'on n'arrête pas de penser au passé. Elle gonfle son poils, cherche à se cacher. Ici, elle n'a pas son propre territoire, et les autres ne respectent pas grand chose. Leurs odeurs sont partout, leurs présences l'agace. Elle voudrait son petit monde à elle, pour elle. Etre le chat des lieux. Elle pourrait s'habituer, bien sûr, (elle roule ses yeux), mais elle serait restreinte, toute petite dans son coin, sans pouvoir celle qu'elle veut être, et pas celle qu'elle semble être. Elle cherche surtout à faire sa place parmi vous et en attirant votre attention, de manière bonne ou mauvaise, elle semble au dessus de tout votre harem de chat. En se faisant remarquer, elle oublie les autres. Elle n'en veut pas aux autres, au fond d'elle elle les aimerait bien, si c'était dans d'autre condition. Mais elle sait que sa vie restera comme ça, elle doit s'y faire mais elle a du mal. Il lui faut juste du temps, encore plus, pour oublier le passé ou bien s'habituer au présent. Elle sait bien que c'est à elle de changer et pas à vous, c'est elle la petite dernière, pas la plus grosse (je suppose âgée ?) ni la plus forte et qu'elle ne fait aucun effort pour s'adapter. Elle regrette toujours sa vie d'avant, qui revient à elle sans arrêt dans les moments du quotidiens. Oh, elle n'en veut surtout pas à ses gardiens ! Elle apprécie ce qu'ils font pour elle. Elle connait son histoire, ce qui lui est arrivé. Il me semble que tu lui as un jour parlé de ça (?). Elle sait qu'elle a vécu comme une favorite quand elle était chaton. Elle ne regrette pas tout, mais elle est assez difficile à vivre à cause de ses souvenirs. «Je me plains mais il ne faut pas m'écouter. Je sais qu'ici je suis aussi choyée, moins qu'avant mais toujours aimé.» Je lui parle de ses pipis incongrus, qui n'est autre qu'un moyen pour vous attirer. Je lui dis qu'elle peut trouver d'autre chose pour attirer votre attention, sans faire de bêtises, en étant plus avenante, ou câline, par exemple. Son regard semble perdu, une étincelle passe rapidement mais elle reste pensive. Elle ne sait pas, son moyen est infaillible, il y a toujours un moment ou vous la regardez quand elle fait des bêtises. Je ne sais pas si elle s'est décidée à arrêter  
Je lui fait un soin, et en rentrant plus profondément en contact avec elle, je remarque que toute sa tête est illuminé, comme une bougie, et forme un assemblage parfait : un sentiment vraiment puissant me submerge : elle est constamment en train de réfléchir, d'analyser, de chercher à apprendre pour comprendre, je sens que ses petites méninges sont toujours en mouvement, ses pensées turbinent comme un moteur. Son cerveau et son être travaille beaucoup, même la nuit, où elle est souvent agitée, dans ses rêves ou chez elle. Canelle est terriblement intelligente. Je ne pourrais pas dire plus qu'un autre, mais ça saute aux yeux, elle a quelque chose en plus qu'elle aimerait exploiter.
Elle n'a mal nul part. Elle est un peu lasse, son corps "mou" face à sa tête en feu. Mais elle se sent bien, au fond. «Je suis bien difficile. Je devrais prendre ce que la vie m'offre. Je ne peux pas lui voler. (Elle s'adresse à vous) Je sais que je suis une petite chiante, mais cherchez moi, au plus profond, et je deviendrais une amie aussi tranquille qu'aimante. Je vous rendrais ce que vous me donnez».
On s'est quitté là, mais dans la nuit elle est revenue me voir, j'ai compris que quelque chose te tracassais, et que tu cherchais un coin de paix dans ce que tu vivais. Elle a alors conseillé : «Le paradis existe dans tes pensées»