Bonsoir,
j'ai également accueilli tous mes équidés pour leur offrir une meilleure vie. Ils ont tous vécu des maltraitances avant de nous rencontrer, et Fanette, notre mule partait à l'abattoir le jour où je l'ai achetée (au kg!). Si j'étais arrivée une heure plus tard, elle aurait été condamnée.
Alors, ça n'a pas été facile pour elle, au début, de réaliser qu'elle n'avait rien à craindre de nous.
Elle était très stressée, hyperactive, ne sachant pas marcher, son allure lente étant le trop rapide, son galop étant celui d'un mouton énervé! Des sauts, coup de cul sur coup de cul!
En longe, elle était difficilement gérable, il fallait être 2 pour la faire marcher,...non... la faire sauter sur place!!! En évitant de se prendre un postérieur derrière les oreilles!
Elle avait peur des voitures, des vélos, des chiens, des ballons, des tracteurs (plus aucun de mes équidés n'a peur d'un tracteur, ni même d'une moissonneuse batteuse), des gens qui courent, des tentes du camping que nous longions, etc.
Je l'ai accompagnée, toujours. Je lui ai permis d'exprimer tout ce qu'elle avait sur le cœur, d'abord pour mieux la connaître, et ensuite et surtout pour qu'elle sache qu'avec moi elle aura toujours le droit de s'exprimer, comme je m'autorise à m'exprimer à chaque fois que j'ai quelque chose à transmettre.
S'exprimer ça peut être crier sa colère, sa peur, mais c'est aussi dire son bonheur. Quand un être est libre de s'exprimer, il apprend à gérer ce qu'il a à dire. Il apprend à ne plus dire n'importe quoi, et cette liberté lui ouvre des portes pour communiquer mieux, pour aimer communiquer, y trouver du plaisir, puis aimer aimer l'autre, communiquer son bien être de côtoyer l'autre, communiquer en respectant l'autre. Pour Fanette, l'autre, c'est moi. Puis elle a vu qu'il pouvait y avoir les autres, qu'elle a su tout autant apprécier ensuite.
Quand Fanette me faisait subir ses "coups de cul" pendant de très longues minutes, j'ai toujours lâché prise, lâché les rênes en la laissant exploser (à cru pour mieux sentir ses émotions), sans stresser car je me suis toujours dit que ce n'était pas moi qu'elle tentait de "virer" mais tous ses problèmes accumulés depuis sa naissance.
Ainsi, je ne suis jamais tombée, car je ne faisais que l'accompagner.
Dès qu'elle se calmait, je lui parlait calmement, la caressant doucement pour lui montrer que tout allait bien, je n'étais ni en colère, ni inquiète, son attitude ne me surprenait pas.
Fanette est très vite devenue une partenaire d'exception, une "princesse" généreuse et intuitive, qui se concentre pour que tous nos moments ensembles soient parfaits. Je n'ai plus besoin de la tenir en longe pour me promener avec elle (je ne la monte plus car je vis de plus belles choses avec mes chevaux depuis que je marche avec eux), Fanette est une perle!
Elle l'a toujours été, mais il aura fallu qu'elle nous transmette ses émotions: ses peurs, ses angoisses face à l'humain, ses doutes, avant de pouvoir nous révéler sa bonté, sa bienveillance, sa forte générosité qu'elle a progressivement appris à exprimer au travers de nos expériences ensemble.
Bref, en ce qui concerne Astrix, je pense que lui mettre un licol est certes plus confortable pour toi, mais ne permet absolument pas de régler le problème relationnel que tu as avec lui. Tant qu'il est "baillonné" quand il a un truc à gérer émotionnellement, il n'aura pas les moyens de progresser avec toi.
Accepte de le voir tel qu'il est, et donne lui envie d'affronter la vie, avec son passé, pour qu'il se projette vers un avenir plus serein.
Tu ne peux pas lui faire oublier ce qu'il a vécu, tu peux juste lui permettre de penser à autre chose, afin que ce qu'il a vécu ne soit plus un obstacle mais une étape.
Tu ne peux pas te contenter de penser que tout va bien tant qu'il a son licol, c'est juste un accessoire, un stimuli qui masque une réalité, où qui pointe un réel problème...
Tant qu'il n'est pas en capacité de recevoir ce licol, librement, c'est qu'il va être difficile de vivre des échanges harmonieux avec lui.
Il peut être judicieux de rompre toute communication tant qu'il ne s'approche pas de lui même pour prendre son licol, ne pas céder tout de suite, recommencer pendant plusieurs jours, même s'il semble ok, puis quand tu sens qu'il n'en peut plus de te voir l'ignorer, tu en profites pour lui mettre et lui faire les plus gros câlins du monde, ou demande à ta femme de le faire si ce n'est pas ton truc, mais il faut que tu lui montres que tu apprécies sa progression pour exprimer avec toi autre chose que "le bandit" qu'il était jusqu'alors!
Je pense en avoir dit suffisamment, mais n'hésite pas si tu veux que j'approfondisse!